Concert Duruflé le 12 octobre 2016
Le 12/10/2016 de 20:30 à 23:00
- Eglise St Bonaventure - LYON
avec le Choeur Mixte de la Primatiale (direction Jean-François Duchamp) et Octavian Saunier à l'orgue dans le cadre de "orgue en jeu".
Motets et le Requiem de Maurice Duruflé
REQUIEM de MAURICE DURUFLE [par Jean-François DUCHAMP]
Né en 1902 à Louviers dans l’Eure, Maurice Duruflé est mort à Louveciennes dans les Yvelines. Maîtrisien à la Cathédrale de Rouen, il poursuit ses études musicales à Paris d’abord au Conservatoire avec Paul Dukas pour la composition, et travaille l’orgue avec Louis Vierne et Charles Tournemire. A partir de 1930 et jusqu’à sa mort, suite à un accident de voiture, il sera titulaire avec sa femme de l’orgue de St Etienne du Mont à Paris. Son oeuvre peu importante mais de grande qualité, est surtout consacrée au choeur et à l’orgue.
Le Requiem (opus 9)
L’oeuvre composée en 1947, est dédiée à son père. Il en existe trois versions :
- celle avec grand orchestre et orgue (1947)
- puis une version avec orgue (1961), la plus souvent jouée
- enfin celle avec un quintette à cordes et orgue
L’oeuvre a été immédiatement appréciée et surtout très jouée en Angleterre et aux Etats Unis. Voilà ce qu’en dit le compositeur lui-même : Ce Requiem est entièrement composé sur des thèmes grégoriens de la Messe des Morts. Tantôt le texte est entièrement respecté, tantôt je m’en suis simplement inspiré, ou même complètement éloigné ; D’une façon générale, j’ai surtout cherché à me pénétrer du style particulier des thèmes grégoriens. Aussi me suis-je efforcé de concilier, dans la mesure du possible, la rythmique grégorienne, telle qu’elle a été fixée par les Bénédictins de Solesmes, avec les exigences de la mesure moderne. L’orgue représente l’idée de l’apaisement, de la foi et de l’espérance » Comme une boutade, Maurice Duruflé aimait à dire qu’il s’inscrivait dans la suite de celui de Mozart, car s’adressant au monde entier par son langage universel ! Il est vrai qu’il renferme un côté très humain.
1. Introït
Tout de suite, nous sommes plongés dans l’atmosphère par le signal du thème de la messe des morts. Mais en contrepoint les voix supérieures (soprani et alti) chantent sur des « a » comme une annonce de la lumière éternelle, comme un soleil d’une nouvelle vie. On entend que Duruflé a chanté comme enfant avec ces phrases qui leur sont destinées et qui vont ponctuer l’oeuvre. On dirait la voix des anges descendus sur terre !
2. Kyrie
Il s’enchaîne sans interruption en procédant par imitation dans le style fugué. En avançant, de plus en plus, la prière devient suppliante et dans un immense crescendo, elle se fait insistante : Seigneur, prends pitié ! C’est une page merveilleuse de contrepoint au service de l’expression ; elle démontre une grande maîtrise du compositeur.
3. Domine Jesu Christe
C’est la pièce d’offertoire. Précédée de l’orgue, la voix d’alti, dans le grave dans les profondeurs de l’enfer va nous entraîner. Le choeur va pousser des cris de supplications : « Délivre-les de la gueule du lion…Et là encore, les voix angéliques des soprani vont faire appel à Saint-Michel. La prière d’offrandes va se faire personnelle avec l’intervention du baryton
4. Sanctus
Dans l’accompagnement de l’orgue, on semble entendre les battements d’ailes des Chérubins qui entonnent cet hymne de louange : Saint, Saint, Saint….C’est un passage très aérien à l’opposé du précédent. On a quitté les enfers : on est au ciel !
5. Pie Jesu
Ce passage, comme dans le Requiem de Fauré, est confié au soprano solo, mais dans une large tessiture (étendue de la voix). Admirable supplication dans une apparente simplicité, cette intervention soliste donne une plage de grande douceur émotionnelle à l’ouvrage.
6. Agnus Dei
Le rythme en contretemps vient renforcer le poids du péché et à nouveau implorer la bonté de Christ salvateur. « Donne-leur la paix éternelle » est chanté très doux en valeur longue, avec une annotation « perdendosi » comme pour en marquer l’éternité.
7. Lux aeterna
Cette antienne de communion d’une grande simplicité mélodique est chantée sans accompagnement jusqu’à la reprise du Requiem chanté recto tono comme une prière du célébrant.. On est devant un grand dépouillement où seule l’espérance de la résurrection trouve sa place.
8. Libera me
Place au choeur d’hommes introduisant les quatre voix comme pour mieux marquer ce jugement universel. Il cède la place quelques instants au baryton solo, interprète de la peur et de la fragilité de chacun d’entre nous. Grand moment dramatique avec le Dies Irae pour éveiller la frayeur du fidèle et l’inviter à se tournée humblement vers Dieu.
Alors, s’il accepte, le chrétien entendra cette voix des anges magnifiquement entonnée par les soprani.
9. In Paradisium
Encore les anges, toujours les anges ! Ils nous accompagnent au Paradis Tous sont là avec les saints et les martyrs avec Lazare, notre prédécesseur dans un grand bonheur mystique. L’harmonie parfaite semble se réaliser, seulement troublée par cet accord de 9°, avec un sol #, montrant que la Jérusalem céleste n’est pas encore achevée. C’est une des plus belles pages de la musique sacrée : une mélodie d’une grande simplicité sur une harmonie très riche créant un climat de grande spiritualité.
Ce Requiem est un exemple parfait d’une création qui prend appui sur la plus ancienne tradition musicale : le chant grégorien. Maurice Duruflé a apporté sa contribution au patrimoine de la musique sacrée. Qu’il en soit vraiment remercié !.